PAYSAGES ET PATRIMOINE.

La patrimonialisation des paysages est-elle un obstacle à leurs transformations ?

OBJECTIF

Découvrir l’histoire du paysage.
Comprendre comment un paysage devient patrimonial Comprendre les tensions soulevées par le processus de protection/création de paysages

COMPETENCES

Analyser des situations concrètes : tensions et débats autour de la protection/création de paysages, formes d’ équilibres.
Expérimenter la situation d’un projet collectif.
Utiliser des notions complexes : paysages culturels, paysages naturels.
Se constituer un référentiel d’oeuvres et d’artistes remarquables.

SEQUENCES

Séquence 1

Construction de paysages.

Comment naissent les paysages ?
Repères : Renaissance, Classicisme, Romantisme, Réalisme, Impressionnisme, perspective, paysage «naturel».

Activités :

1.Qu’est ce qu’un paysage ?
Recherche de définitions à partir de plusieurs sources et rédaction d’une synthèse.
Le paysage est :
- un concept du XVème siècle
- une portion d’espace qui s’offre à la vue
- présentant un intérêt personnel
- limité par un cadre
- devenu un sujet représenté par les artistes à partir du XVII et un objet d’étude, un moyen d’appréhender le territoire pour certains géographes.

2.Choisir son paysage. Les élèves peuvent expérimenter le concept en se promenant avec un cadre qui fige la portion de l’espace retenue. Ils justifient leur choix et appréhendent la diversité des regards au sein de la classe.
Conclusion : Choisir une relation peut être établie entre le paysage et la sensibilité, le goût de l’observateur. Le paysage est fondamentalement subjectif. Les individus attribuent une valeur aux paysages pour leurs histoires, par rapport à leur mémoire et leurs références culturelles.

3.Naissance et histoire du paysage.
Depuis la Renaissance, les artistes se sont intéressés aux paysages. A partir d’un diaporama, les élèves découvrent l’histoire du paysage. Ils interrogent la place et le rôle du paysage dans le tableau et la technique utilisée. Ils mettent en évidence des évolutions en réalisant ou complétant une frise chronologique.
Sélection d’oeuvres :
- Jan Van Eyck, La Madone au chancelier Rolin, huile sur toile, 1435, Musée du Louvre (1)
- Hubert Robert, Les cascatelles de Tivoli, huile sur toile, 1768, Pau, Musée des Beaux Arts (2)
- Adolphe le Roy, Le Bernica, huile sur toile, 1884, Musée Léon Dierx (3)
- Antoine Roussin, Bassin du Berrnica, huile sur toile, 1885 (4)
- Claude Monet, Impression soleil levant, huile sur toile, 1872 (5)
- Jean Legros, Porteurs sur le sentier du Piton des Neiges, 1950, photographie. (6)
- Raymond Depardon, La ferme du Garet, Mission photographique de la DATAR (1984-1989). (7)
Conclusion : les paysages naissent dans le regard de chacun. Ce sont des représentations d’un bout de l’espace auquel nous attribuons une valeur, individuellement ou collectivement. C’est l’image rêvée d’un lieu que nous voulons conserver. La patrimonialisation des paysages relève d’une attribution de valeur. Les artistes contribuent à la création de paysages (processus d’artialisation)

Séquence 2

Confrontation de regards.

Confrontation de regards. Pourquoi l’évolution des paysages soulèvent-elle des débats ? Repères : représentation.

Activités :

1. La renommée de la France tient à la richesse de son patrimoine culturel. Aussi, toutes nouvelles constructions soulèvent bien souvent des contestations : l’Arche de la Défense fut accusée de détruire le paysage de l’ Arc de Triomphe, la pyramide du Louvre de défigurer le Palais , tout comme le Centre Beaubourg, ce gros jouet à quatre couleurs installé au coeur de Paris, entre la cathédrale Notre-Dame, la tour médiéval de l’ancienne église Saint-Jacques et les hôtels particuliers du Marais. Les élèves découvrent l’un ou l’autre cas.
2. Les élèves sont invités à rechercher dans la presse locale des situations similaires et à repérer les termes du débat. Ils sont invités à formuler des solutions hypothétiques.
Exemples possibles :
- La présence des paillotes sur les plages de l’Ouest.
- La NRL.
http://7lameslamer.net/Les-7-mensonges-de-la-nouvelle.html 3. Confronter les temporalités. «Le nouveau paysage de la Réunion», la vision renouvelée de l’ IRT (2012).
http://logonews.fr/2012/09/25/le-nouveau-paysage-de-la-reunion/ Les élèves sont invités à comprendre l’évolution de l’image de la Réunion diffusée par l’ IRT et les préoccupations de l’institution.
Conclusion : le paysage n’existe pas en lui-même, excepté les composantes physiques ( relief, climat, espèces vivantes) et les traces d’aménagements. Il est représentation dans les esprits qui le pensent en fonction de leurs références culturelles et de leurs préoccupations.
Le paysage n’est pas figé.

Séquence 3

Recréations de paysages.

Conservation du paysage et création peuvent-ils s’accorder ?

Activités :
1.Construire une carrière à Bellevue (projet de la NRL).
Source : http://www.reunion.gouv.fr/.../a08_17_08_11_saint-paul_ bellevue_etude_paysagere.pdf
A partir de cette étude, montrez comment la GTOI envisage d’effacer les traces de la carrière après son exploitation afin de parvenir à un impact très faible sur le paysage.
2. Guillaume Hébert propose en 2017 la série «Updated Landscape» qui donne à voir des paysages composés d’un arrière plan extrait d’une peinture de maître et d’un premier plan fait d’un paysage contemporain. Ce rapprochement inédit vise selon l’artiste à interpeller le spectateur sur des questions esthétiques, sociétales et environnementales. Les sociétés façonnent inlassablement les paysages, enterrant au passage richesse culturelle et biodiversité.
Source : http://guillaumehebert.com/Updated-Landscape . Les élèves sont invités à comprendre la démarche de l’artiste, ses préoccupations et à s’en inspirer pour créer leur propre «mise à jour du paysage» en vue d’une exposition.

Conclusion :
- Les artistes jouent un rôle majeur dans la perception et la création des paysages en tissant des relations entre le vu et le perçu (héritage culturel). Ce lien permet de transformer les paysages de manière plus équilibrée.
- L‘introduction de nouveaux aménagements renouvellent les paysages. Les paysages restaurés entrent dans un nouveau cycle de vie, en accueillant des équipements répondant aux besoins des sociétés.

CONTENU DISCIPLINAIRE

Le paysage est :
- un concept du XVème siècle
- une portion d’espace qui s’offre à la vue
- présentant un intérêt personnel
- limité par un cadre
- devenu un sujet représenté par les artistes à partir du XVII et un objet
d’étude, un moyen d’appréhender le territoire pour certains géographes.
A partir de la Renaissance, les artistes intègrent dans leur scène des vues paysagères. Elles servent souvent de décor, de cadre aux intrigues et récits imaginaires. Ils sont souvent symboliques (1).
Succèdent au XVIIIème siècle des paysages en apparence soumis à la nature. En fait leur réalisation est soumis à un ensemble de règles et au goût du moment ( paysages de ruines (2), paysages romantiques (3).
Les artistes ont façonné des paysages types qui correspondent plus à des paysages intellectualisés et idéalisés, qu’à une représentation du réel. Au XIXème siècle, le romantisme et la vivacité du sentiment national donnent aux paysages une valeur identitaire (6). Les monuments anciens, les paysages typiques, représentés avec précision (4), deviennent des témoins du passé, un patrimoine à conserver, à préserver de l’industrialisation et de l’urbanisation. Mais parallèlement, la modernisation façonnait de nouveaux paysages immortalisés dans un premier temps par des peintres impressionnistes (5) davantage préoccupés par la recherche plastique plus que par la représentation même. Le paysage devient un prétexte à la création plastique.
A partir des années 1960, face à l’urbanisation perçue comme envahissante, les sociétés trouvent refuge dans des paysages dits «naturels» ou ruraux plus en phase avec l’écologie et ses vertus (7).
Dans les débats animés autour des projets d’aménagement, on peut repérer dans le discours la force des représentations :
- le paysage a plus de valeur quand il est associé au passé. La modernité est une menace.
- les paysages ruraux ou dits «naturels» sont survalorisés, car ils contribueraient au bien-être.
- les nouveaux aménagements rompent l’harmonie du paysage, le dénaturent et créent des déséquilibres.
Ainsi est né dans la première moitié du XXème, encore présente aujourd’hui, une conception conservatrice du paysage, qu’il fallait préserver impérativement. Ces paysages identifiés entrent au patrimoine.
Cette conception fait penser le paysage comme tradition et éternel alors qu’ils sont le produit d’une histoire.

RESSOURCES

- Chantal Georgel, Le paysage depuis le milieu du XIXème siècle, 2ème trimestre 2012, screren.
- Yves-Michel Bernard, L’art du paysage à la Réunion, Edition Ter’la, 2014
- Regards sur le patrimoine, Dir. Jacques Limouzin, 2008, CRDP.
- http://7lameslamer.net/Les-7-mensonges-de-la-nouvelle.html
- http://logonews.fr/2012/09/25/le-nouveau-paysage-de-la-reunion/
- http://www.reunion.gouv.fr/.../a08_17_08_11_saint-paul_bellevue_ etude_paysagere.pdf
- http://guillaumehebert.com/Updated-Landscape

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REFERENTIEL PROGRAMME

Exploitation possible dans l’enseignement de spécialité d’ histoire des arts en 1ère générale: prendre part à un débat sur le patrimoine, créer individuellement ou collectivement, des formes numériques, rendant compte d’une expérience artistique. Le thème: l’artiste, ici créateur de paysages (processus d’artialisation). Dans le journal de bord, l’élève rassemble une documentation personnelle, photographiée.

PATRIMOINE DE REFERENCE

Paysages nationaux et locaux réalisés par les peintres depuis la Renaissance et par les photographes.

AUTRES PREFERENCES PATRIMONIALES

Paysage côtier de l’Ouest de la Réunion.
Paysage de falaise de la route du Littoral.
Site de Bellevue (Hauts de Saint-Paul).

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