Cases créoles de La Réunion


LES FICHES PEDAGOGIQUES

HABITER A LA REUNION :

HIER, AUJOURD’HUI, ET DEMAIN.

La case créole appartient-elle au passé ?

OBJECTIF

Interroger la case créole, en terre réunionnaise, en montrant ses transformations successives, depuis les formes primitives aux formes contemporaines. Se familiariser avec les cases créoles présentes dans le paysage urbain et rural.
Sensibiliser à la fragilité de ce patrimoine qui perdure aujourd’hui sous la forme d’un art d’habiter créole (patrimoine immatériel).

Objectifs concernant l’orientation :

Recherche sur les métiers de menuisiers et de charpentiers. Découverte du métier d’architecte dont l’ ABF
Découverte des métiers du patrimoine (conservateur du patrimoine, médiateur culturel, restaurateur, enseignant-chercheur ...)

COMPETENCES

Acquérir des repères sur les cases créoles observées, qu’il faut identifier, situer, décrire, classer.
Comprendre les enjeux de la conservation de ce patrimoine (enjeux identitaire et culturel)
Expérimenter la situation de projet collectif.

SEQUENCES

Séquence 1

1.La case créole primitive.

Partir des représentations des élèves et exploiter les éléments connus. Les confronter au film (chapitre 1).
Repères : hutte, paillote, case en madriers couchés, case à charpente, soubassement, ouvertures traversantes, toit à 2 ou 4 pentes.

2.La case créole traditionnelle.

Montrer l’évolution au XVIIIe et XIXe siècles à partir des chapitres 2 et 3 du film.
Repères : maison pavillon à charpente, case créole néoclassique, case en bois sous tôle, varangue; menuisiers et charpentiers de la Marine, esclaves à talents, façade d’apparat, bardeau, auvent, façade symétrique, décoration, jardin d’agrément, plan massé.
Activité : la séquence se termine par la réalisation d’un schéma à compléter à l’aide de la photothèque du DVD et des images repérées sur le site de l’Iconothèque de l’ Océan Indien (www.ihoi.org ).
Conclusion : les premières cases sont des abris. Elles acquièrent la fonction culturelle au cours du XVIII et XIXème siècle. Les principes formels de la case créole sont fixés : toit en pente, ouvertures traversantes, varangue, importance du jardin.

Séquence 2

L’habitat moderne (deuxième moitié du XXe siècle).

1. Découvrir les formes d’habitat du milieu du XX è siècle aux années 2000 à partir du chapitre 4 du film. Confronter cet habitat moderne à la case créole traditionnelle afin de repérer les ruptures et les permanences.
Sensibiliser les élèves à l’enjeu de la conservation de cet habitat qui s’éloigne du point de vue formel de la case créole traditionnelle : Pourquoi cet habitat mérite t-il d’être patrimonialisé ?
Repères : case Tomi, case Satec, cubes béton, tours et barres de l’habitat collectif, habitat en série, béton, toit terrasse.
2. Sensibiliser les élèves à la transmission d’un art d’habiter créole présenté dans le film à partir de la maison Folio.
Repères : prise en compte du climat dans l’organisation des pièces, mise en place des systèmes de protection contre les pluies et la chaleur (auvent, varangue, guétali, végétalisation extérieure, lambrequin), espace de sociabilité, présence du bois.
Activité : les élèves rédigent un court texte imaginant la vie de Monsieur Folio dans sa case, au cours d’une journée
Conclusion : la case créole sous des formes modernes (case Satec, Tomi ou Bourbon bois) proposent une répartition des pièces qui assurent un meilleur confort tout en conservant le mode d’habiter traditionnel (varangue, ouvertures traversantes). Ces cases correspondent à une production en séries à partir d’éléments préfabriqués (parpaing, ossature en bois).Elles sont consommatrices de terrain. Dans les villes, on voit apparaître des logements collectifs importés d’Europe et puisés dans l’architecture moderne (Cité radieuse de le Corbusier). Ces formes nouvelles constituent une rupture avec la case créole. Certaines réalisations cependant ont conservé les ventilations traversantes, les protections solaires comme des terrasses en guise de varangue, les brise-soleil.

Séquence 3

Ballade architecturale à Saint-Denis.

Les élèves découvrent la richesse de l’architecture domestique à Saint-Denis, de la villa néoclassique aux réalisations contemporaines en passant par l’habitat moderne. Identification de l’habitat pastiche.
Activité : Prise de photos. Réalisation de croquis. Travail sur un plan. Réinvestissement des repères acquis.

Séquence 4 :

L’habitat contemporain.

Rencontre avec les architectes de deux opérations de construction/rénovation de logements à la Réunion à partir d’une visite sur le site ou de fiches techniques dans la classe (voir ressources). Dans quelles mesures ces logements contemporains prennent en compte l’art d’habiter créole ? Depuis quand cela préoccupe les architectes à la Réunion ? Quelles sont les contraintes rencontrées ? Comment les usagers participent-ils au projet ?
Exemples : Opération «Bois de Joli Coeur» , ZAC Beauséjour (CBO Territoria), Opération «Petite Pointe, Le Port (SHLMR).
Repères : ventilation naturelle, brise soleil, varangue, immeuble éclaté, végétalisation forte, jardin privatif, porte à persiennes, impostes munis de nacots, chauffe eau solaire, mobilité, éco-quatier.
Activité : si la séquence se déroule sur le site, les élèves prennent des photos, dessinent des plans et croquis, en vue de terminer le schéma initial.
Conclusion : si certaines réalisations contemporaines, correspondent à des pastiches (case d’inspiration créole), une dynamique nouvelle est lancée au début du XXIème siècle. Le Prix de l’ architecture réunionnaise (PAR) , encourage la création d’un habitat aux formes et équipements très contemporains, très différent de la case créole.
Pour autant, ces réalisations entendent conserver un mode d’habiter local (case d’interprétation créole).

Séquence 5 :

Protéger mon patrimoine.

Sélection d’une case prise dans l’environnement proche du lycée en vue de constituer une demande de protection.
Repères : loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques et ses textes modificatifs, l’ ABF, la CRPS (Commission régionale du patrimoine et des sites), les mesures d’inscription, de classement, les conséquences pour le bien et les abords.
Activité : constitution d’un dossier de protection d’un édifice.

CONTENU DISCIPLINAIRE

Arts plastiques, références possibles :

La case créole appartient au patrimoine architectural et marque nos paysages urbains et ruraux. Son évolution rend compte de l’histoire sociale et culturelle de l’île et présente un double intérêt artistique et historique.

La case créole est identifiable par ses composantes architecturales traditionnelles : emplacement, matériau dominant : le bois, plan massé, interdépendance intérieur/extérieur (varangue, ouvertures traversantes, jardin/verger). Elle se distingue de la case malgache sur pilotis.

Les cases primitives assuraient la fonction d’abri, de protection. Elles correspondent au début du peuplement de l’île (1663), à l’arrivée de travailleurs peu outillés. Trop consommatrice de bois, peu résistante et peu fonctionnelle, la case en madriers couchés est délaissée au XVIIIe siècle. La hutte et surtout la paillote demeurent l’habitat du pauvre jusqu’au milieu du XXème siècle. La paillote sert de référence à un habitat plus solide: la case en bois sous tôle est d’abord réalisé à partir des bidons en» tôle décrasée», la maison pavillon (maison à 4 pans ). Celle-ci enregistre des expansions successives au XIXème en se référant au registre classique ( symétrie dans l’organisation). La maison de maître inspirée de l’habitat rural français de l’ Ancien Régime évolue au XIXème siècle en maison néoclassique. Les cases créoles à partir du XVIIIème siècle assument une nouvelle fonction d’ordre culturelle avec l’apparition de la façade d’apparat, de la varangue et de la décoration.

L’ omniprésence des cases modernes dans notre environnement témoigne de l’explosion du bâti dans la deuxième moitié du XXème siècle. La Réunion devient un département français en 1946. En 1964, la loi anti-bidonville dite loi Debré contribue au renouvellement du paysage urbain. Saint-Denis, ville -jardin au XIXème siècle adopte le béton et l’habitat standardisé (case Tomi puis Bourbon, case Satec, habitat collectif) Encouragée par la loi de défiscalisation initié en 1986 par l’ Etat, la construction de logement vise la rentabilité plutôt que la qualité de l’habitat. Ces constructions correspondent à une mise aux normes françaises et européennes délaissant la plupart du temps les pratiques locales d’habiter.

Les années 2000 représentent un tournant. Le Concours Europandom, encourage une réflexion sur comment « Construire la ville outre-mer, modes d’habiter et architectures tropicales ». La mise en place de démarches de qualité environnementale redonne à l’architecte une place fondamentale. La réflexion menée conduit à expérimenter de nouveaux projets qui respectent les pratiques locales d’habiter, le climat, le rapport à la nature, les liens sociaux mais aussi les préoccupations nouvelles comme les économies d’énergie. En témoignent les réalisations récentes récompensées par le PAR (Prix de l’ architecture réunionnaise). En définitive, la case créole par ses évolutions, relève d’avantage de pratiques d’habiter créole. Le patrimoine que les architectes s’efforcent de conserver aujourd’hui correspond à un patrimoine immatériel.

RESSOURCES

- 350 ans d’architecture à l’île de la Réunion, CAUE, Graphica, 2005.
- Bernard Leveneur, Petites histoires de l’ architecture réunionnaise.
De la Compagnie des Indes aux années 1960, Editions du 4 épices, 2007.
- Les cases de Hell Bourg, Collecction Itinéraires du Patrimoine, N°132.
- Jean Bossu, architectures 1950-1979, Collection Itinéraires du Patrimoine, N°230.
- Iconothèque de l’Océan Indien ( www.ihoi.org )
- Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement ( caue974.com )
- Maison de l’ Architecture de la Réunion. Ordre des architectes( archi.re )
- Envirobat Réunion (www.envirobat.com )



REFERENTIEL PROGRAMME

Histoire des arts :

Classe de seconde, enseignement optionnel et de première, enseignement de spécialité. L’approfondissement du patrimoine local comme révélateur des courants artistiques. Le partenariat avec des institutions et les services culturels. La visite au moins d’un bâtiment ou d’un ensemble architectural. La réalisation d’un projet collectif favorisant la découverte de domaines aussi variés que la conservation, la restauration [...], la création artistique, l’urbanisme, l’architecture...

En seconde, la période 4, du XIXe au XXe : le foyer de la Réunion.

En première, le thème I du programmev: les matières, les techniques et les formes: production et reproduction des oeuvres uniques et multiples.

PRODUCTION

Exposition : La case créole, un patrimoine en évolution

Supports : schéma, photothèque, photos et croquis personnels. Une journée dans la case de Monsieur Folio (Récit)

Constituer un dossier de demande de protection pour une maison de votre choix (voir guide et formulaire sur le site du Ministère de la Culture).

EVALUATION INTERMEDIARE

Présenter chaque oeuvre ou forme architecturale à partir de 5 modalités : ses conditions de réalisation, son auteur, son contexte de création, sa diffusion; sa réception passée et présente. Les mettre en relation. Echanger des points de vue. Développer la critique. Participer à des débats.

LIEUX DE PARTRIMOINE DE REFERENCE

Cases remarquables de la ville de Saint-Denis : villa du Département et son guétali, case cubes béton rue Rolland Garros, case Bourbon, villa Carrère, case Satec rue Fénélon, Immeuble des Remparts, Immeuble contemporain rue Jacob, résidence le Kandinsky rue Sainte-Marie, Opération Clos Saint-Jacques.

AUTRES REFERENCES PATRIMONIALES

Maison Folio (Salazie)
Case en bois sous tôle (EntreDeux)
Maison pavillon Desbassyns

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